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Hanoï et Pékin s’entendent pour empêcher la région de succomber aux idées « subversives » de l’Occident

Vingt et un coups de canon, haie d’honneur et cérémonie du thé : le Vietnam a mis les petits plats dans les grands pour recevoir à Hanoï le président chinois Xi Jinping et son épouse, les 12 et 13 décembre. Cette visite officielle, la première du maître de la Chine depuis 2017, était importante pour le secrétaire général du Parti communiste vietnamien et vrai numéro un du pays, Nguyen Phu Trong. Ce dernier se devait de rassurer la Chine sur les intentions du Vietnam après la poursuite d’une dynamique de rapprochement de son pays avec les Etats-Unis. Pour Xi Jinping, il s’agissait de s’assurer que Hanoï n’aille pas trop loin dans son flirt avec l’Occident, en promettant en échange une plus grande coopération en matière de « sécurité politique » et d’économie.
Le déplacement du numéro un chinois, que son homologue vietnamien avait pris soin de rencontrer à Pékin dès son renouvellement à la tête du PCC en octobre 2022, intervient trois mois après celui du président américain, Joe Biden. Les Etats-Unis avaient alors obtenu un rehaussement de leur partenariat diplomatique avec le Vietnam au niveau « stratégique global », ce qui place désormais Washington au même niveau que la Chine, la Russie, l’Inde et la Corée du Sud. Cette promotion n’est pas que symbolique : ses implications sont vastes en matière de coopération économique, mais aussi technologique et de ventes d’armes, dès lors qu’Américains et Vietnamiens souhaitent l’approfondir. Depuis, le Japon a aussi atteint ce rang, et l’Australie suivra en 2024 – ce qui augmente sensiblement le nombre d’alliés américains parmi les partenaires de premier plan de Hanoï.
Le Vietnam entend par là, comme il l’a toujours fait, se prémunir contre les velléités irrédentistes chinoises – notamment en mer de Chine du Sud. Mais il est aussi déterminé à capitaliser sur le mouvement global de derisking (« atténuation des risques ») vis-à-vis de la Chine, dont il est une figure de proue : les multinationales coréennes, japonaises et désormais américaines affluent au Vietnam pour y installer de nouvelles bases de production, notamment dans les hautes technologies, en raison des restrictions imposées aux importations chinoises par Washington.
La République socialiste du Vietnam compte pour cela sur une coopération élargie avec l’Occident. Dimanche 10 décembre, le premier ministre vietnamien lui-même, Pham Minh Chinh, recevait à Hanoï Jensen Huang, le PDG du groupe américain Nvidia, géant mondial de la fabrication de puces, qui souhaite augmenter ses investissements au Vietnam et peut-être y établir un centre de recherche. Le Vietnam veut former huit fois plus d’ingénieurs dans ce domaine d’ici à 2030.
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